Parution du roman Le Survenant de Germaine Guèvremont
Année : 7 avril 1945
La parution du roman Le Survenant de Germaine Guèvremont, le 7 avril 1945, constitue un jalon important de l’histoire de la littérature québécoise. Ce roman du terroir, dont l’action se situe sur une ferme située au chenal du Moine, près de Sorel, relate les bouleversements que provoque l’arrivée d’un étranger dans cette petite communauté rurale en 1909. Le personnage principal est une sorte de héros mythique, brave et travailleur, mais aventurier et épris de liberté, que l’on ne parviendra pas à enraciner à la terre. Le Survenant et sa suite, parue en 1947 sous le titre Marie-Didace, sont considérés comme les deux derniers grands romans du terroir. Inspiré de l’idéologie dite « agriculturiste », qui valorise le mode de vie rural afin de freiner l’exode vers les villes, ce courant littéraire est apparu au milieu du XIXe siècle.
Marianne-Germaine Grignon, née en 1893 à Saint-Jérôme, est la cousine de l’écrivain Claude-Henri Grignon. Mariée à Hyacinthe Guèvremont en 1916, elle est, à partir de 1938, chargée du secrétariat de la Société des écrivains canadiens, ce qui lui permet de connaître plusieurs romanciers et poètes, dont Alfred DesRochers, qui deviendra son mentor. Durant la rédaction du Survenant, Germaine Guèvremont entretient une correspondance avec celui-ci, qui lui prodigue ses conseils.
La parution du roman Le Survenant est saluée par la critique et son auteure obtient plusieurs prix littéraires prestigieux : le prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal en octobre 1945, puis le prix David à l’automne 1946. L’œuvre est également publiée chez Plon, en France, en 1946 et obtient le prix Sully-Olivier de Serres, décerné par le ministère de l’Agriculture. Le roman et sa suite seront aussi traduits en anglais sous le titre The Outlander, une œuvre qui vaudra à Germaine Guèvremont le Prix du Gouverneur général du Canada en 1950. Admise à l’Académie canadienne-française (devenue l’Académie des lettres du Québec) en 1949 et à la Société royale du Canada en 1962, la romancière s’est vu décerner des doctorats honorifiques des universités Laval (1952) et d’Ottawa (1960). Germaine Guèvremont est décédée en 1968 sans avoir pu terminer ses mémoires, dont des extraits sont parus dans Châtelaine et Le Devoir en 1967.
La publication des premiers romans de mœurs urbaines, dans les années 1940, sonne le glas des romans du terroir. Mais les personnages créés par Germaine Guèvremont connaîtront une nouvelle vie durant les années 1950 sur les ondes de la radio, puis de la télévision. Le Survenant sera également repris au cinéma, en 1957 et en 2005. Avec La famille Plouffe, la saga du Survenant présentée de 1954 à 1960 sera l’une des émissions les plus appréciées du public dans les débuts de la télévision. Le Survenant est un classique de la littérature québécoise.
La parution du roman Le Survenant de Germaine Guèvremont a été désignée événement historique le 8 août 2018 dans le cadre de l’événement « Le 12 août, j’achète un livre québécois ».