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Fleuve Saint-Laurent

Principale voie d’accès à l’intérieur du continent nord-américain, le fleuve Saint-Laurent prend sa source dans les Grands Lacs pour aller se déverser dans l’océan Atlantique. Ce cours d’eau impressionnant par ses dimensions, qui a été la porte d’entrée des explorateurs, des premiers colons et des autres immigrants qui sont venus s’établir au pays, a joué un rôle capital dans l’histoire du Québec.

Le fleuve Saint-Laurent, tel qu’on peut l’observer aujourd’hui, a été formé après le retrait des glaciers il y a 10 000 ans. Le fleuve a succédé à la mer de Champlain, à l’ouest de l’actuelle ville de Québec, et à la mer de Goldthwait, à l’est de celle-ci. Les premiers occupants du territoire qui allait devenir le Québec chassaient et pêchaient sur les berges du fleuve et empruntaient le cours d’eau pour se déplacer. De nombreux sites archéologiques préhistoriques ont été mis au jour sur ses rives.

Les premiers contacts entre les nations autochtones et les Européens ont lieu à l’embouchure du Saint-Laurent. Parti de Saint-Malo, le navigateur Jacques Cartier explore les côtes du golfe à la recherche d’un passage vers l’Asie en 1534. Il remonte par la suite le grand fleuve jusqu’aux sites actuels de Québec et de Montréal. À défaut de trouver le fameux passage donnant accès aux épices et aux autres richesses de l’Orient, les premiers explorateurs français découvrent les ressources naturelles du nouveau continent, dont la morue du golfe et le castor de la forêt boréale. De fait, le fleuve Saint-Laurent et ses principaux affluents constituent l’armature du vaste réseau commercial de la traite des fourrures mis sur pied par les Français.

Le Saint-Laurent devient un front pionnier avec l’arrivée des premiers colons, qui obtiennent des terres à défricher dans les seigneuries réparties de part et d’autre du grand fleuve, la principale voie de communication de la Nouvelle-France. Ces seigneuries occupent les anciens fonds marins des mers périglaciaires, dont les sédiments forment les sols les plus fertiles de la vallée. Les pionniers, bénéficiant d’un accès direct au fleuve, peuvent aussi chasser la faune ailée sur ses rives ou encore pêcher dans ses eaux poissonneuses. La présence du fleuve suscite, en outre, des vocations de marins, de pilotes et de charpentiers de navires dans plusieurs paroisses riveraines.

L’axe laurentien s’impose encore davantage comme cœur de la vie économique québécoise au XIXe siècle avec l’essor de l’industrie du bois. Les grands voiliers transportent en Angleterre le bois amené par flottage jusqu’en rade de Québec et ramènent des immigrants qui veulent s’établir en Amérique. L’accroissement de la population québécoise stimule aussi les échanges commerciaux locaux, qui se font surtout par le fleuve et ses affluents jusqu’à l’avènement du chemin de fer.

Au XXe siècle, le fleuve demeure un moteur de l’économie québécoise. Les ports de Québec et de Montréal, les autres installations portuaires ayant une vocation plus régionale, la voie maritime du Saint-Laurent inaugurée en 1959 constituent de véritables pôles de développement. Le fleuve est aussi une richesse naturelle par l’eau qu’il fournit à plusieurs municipalités, par la beauté de ses paysages qui fait la joie des villégiateurs et des touristes ainsi que par la diversité des loisirs auxquels la population peut se livrer sur ce plan d’eau, tenant à la fois du lac et de la mer.

Au-delà de son importance économique, le Saint-Laurent fait partie intégrante de l’identité québécoise. Les légendes que le fleuve a fait naître, les textes littéraires et les œuvres picturales qu’il a inspirés témoignent de sa place dans l’imaginaire collectif des Québécois. On peut même voir une influence plus profonde encore, soit les nombreux termes du vocabulaire maritime qui sont passés dans le parler populaire du Québec.

Le fleuve Saint-Laurent a été désigné lieu historique le 20 juin 2017.