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Fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin

Année : 1922

La lutte des suffragettes québécoises pour l’obtention du droit de vote à l’Assemblée législative (aujourd’hui l’Assemblée nationale) est un long combat qui s’étendra sur deux décennies, soit de 1922 à 1940. Comme toutes les autres Canadiennes, les Québécoises avaient obtenu le droit de voter aux élections fédérales en 1918 et de se faire élire au Parlement à Ottawa l’année suivante. Après celles du Manitoba, en 1916, les femmes conquièrent le droit de vote dans toutes les provinces canadiennes, sauf au Québec.

L’émancipation reconnue au niveau fédéral incite des militantes québécoises œuvrant à la reconnaissance des droits des femmes à faire pression sur le gouvernement de la province. La mobilisation s’accentue après 1920. Les femmes anglophones de la Montreal Council of Women, une organisation présidée par Anna Marks Lyman, et les francophones regroupées au sein de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, présidée par Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, agissent d’abord chacune de leur côté. En janvier 1922, des femmes issues des deux organisations décident de faire front commun au sein du Comité provincial pour le suffrage féminin – coprésidé par Anna Marks Lyman et Marie Lacoste-Gérin-Lajoie –, qui sera incorporé le 29 mai 1922. Les objectifs du Comité sont de favoriser l’éducation civique des femmes et de faire pression sur le gouvernement provincial pour qu’il leur accorde le droit de vote.

Le 9 février 1922, le Comité conduit une délégation de 400 femmes à Québec et rencontre le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau. En mars 1922, le député Henry Miles dépose un premier projet de loi en faveur du suffrage féminin. Mais la réforme se heurte à l’opposition d’une majorité de députés, notamment des représentants des comtés ruraux où l’emprise de l’Église catholique, opposée au vote des femmes, est très importante.

Le Comité provincial pour le suffrage féminin connaît une certaine éclipse après la démission de Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, qui ne parvient pas à rallier l’épiscopat catholique à la cause. Toutefois, la rencontre avec le premier ministre Taschereau au mois de février 1922 est à l’origine de la tradition du « Pèlerinage au Parlement », que les militantes pour le suffrage féminin effectuent chaque année à compter de 1926 pour assister à la présentation d’un projet de loi pour le vote des femmes, qui est toujours rejeté. Ces représentations aboutiront à l’adoption de la loi accordant le droit de vote et d’éligibilité aux femmes le 18 avril 1940.

La fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin a été désignée événement historique le 8 mars 2022.

Fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin. Idola Saint-Jean (au centre) avec des suffragettes du Québec, 1922. Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française - Domaine public