Saint-Père, Agathe (Legardeur de Repentigny)

Naissance - Mort : 1657 – 1747

Née le 25 février 1657 à Montréal, Agathe de Saint-Père appartient à une famille en vue par le remariage de sa mère à Jacques Le Moyne de Sainte-Marie. Elle épouse, en 1685, Pierre Legardeur de Repentigny, un officier militaire. Durant les absences de son mari, Agathe de Saint-Père administre les biens familiaux par procuration en raison de l’incapacité juridique des femmes à l’époque. Elle acquiert ainsi l’expérience des affaires en passant des contrats, effectuant des transactions foncières, réglant des comptes, etc.

Cette expérience s’avère utile lorsqu’elle décide d’établir une manufacture dans sa maison pour pallier la pénurie de textiles dans la colonie au début du XVIIIe siècle. Établi en 1705, l’atelier emploie d’abord des tisserands de la Nouvelle-Angleterre faits prisonniers par des Amérindiens. Ces hommes de métier initient des apprentis canadiens qui prennent ensuite leur relève quand ils sont rapatriés à Boston. La manufacture est exploitée par Agathe de Saint-Père jusqu’en 1713. À une époque où les produits manufacturés provenaient pour la plupart de la France, cette initiative s’inscrit dans les efforts pour diversifier l’économie coloniale axée jusque-là sur l’exportation des fourrures dans la mère patrie.

Certaines femmes ont joué un rôle économique significatif en Nouvelle-France. Agathe de Saint-Père en est un exemple. Sa contribution est d’ailleurs reconnue de son vivant par le gouverneur et l’intendant qui écrivent, en 1705, que « le public retire un avantage de la manufacture de madame de Repentigny ». Le roi lui verse d’ailleurs une gratification annuelle de 1705 à 1712 pour soutenir son entreprise.

Agathe de Saint-Père a été désignée personnage historique le 5 mars 2020.