Voir tous les patrimoines immatériels

Fléché

Le fléché est une technique de tissage aux doigts en usage depuis au moins la fin du XVIIIe siècle. On retrouve les traces les plus anciennes de cette pratique dans la région de Lanaudière, où sont fabriquées des ceintures fléchées pour le commerce des fourrures. Le fléché est un art textile complexe qui s’est transmis par l’observation et l’imitation des personnes maîtrisant la technique. Il constitue une représentation distinctive de la culture québécoise.

C’est la Compagnie du Nord-Ouest qui contribue au développement du fléché en achetant, à un poste de traite situé à L’Assomption, des ceintures confectionnées par des artisanes de la région. Fabriquées de fils de laine de couleurs vives, ces ceintures sont destinées principalement aux postes de traite de l’ouest du continent, où elles sont prisées des Amérindiens et des Métis.

La ceinture fléchée est aussi portée au Québec. En 1837, plusieurs députés du Parti patriote manifestent leur opposition au pouvoir britannique en se parant à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada de cet article vestimentaire de fabrication canadienne. À la fin du XIXe siècle, la ceinture fléchée est adoptée par certains bourgeois, tant anglophones que francophones, et par des clubs de raquetteurs, qui l’arborent notamment lors des premiers grands carnavals d’hiver organisés à la fin du XIXe siècle à Montréal et à Québec.

Le fléché aurait pu tomber dans l’oubli au tournant du XXe siècle, mais on assiste alors à une prise de conscience de l’importance de conserver ce savoir-faire. La technique traditionnelle est ensuite enseignée aux jeunes filles dans différentes institutions scolaires et aux membres des Cercles de Fermières. Soutenue par le ministère de l’Agriculture, cette initiative connaît toutefois un succès mitigé. C’est finalement grâce à des associations d’adeptes du fléché que cet art textile a été sauvegardé. Aux fameuses ceintures se sont ajoutés d’autres produits adaptés aux besoins actuels.

Le fléché a été désigné élément du patrimoine immatériel le 28 janvier 2016.