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Meunerie artisanale

La meunerie artisanale est une technique qui s’est perpétuée jusqu’à nous et qui a joué un rôle capital dans l’histoire. En effet, le pain de blé constituait la base de l’alimentation humaine jusqu’au milieu du XIXe siècle, soit durant tout le régime seigneurial. La population devait donc compter sur un meunier compétent pour transformer le blé en farine. Avec l’église et le manoir seigneurial, le moulin banal était l’un des bâtiments présents dans toutes les paroisses de la vallée du Saint-Laurent. Le Québec comptait plus de 2500 moulins à la fin du XIXe siècle, dont une centaine seulement subsiste. De ce nombre, 33 sont classés à titre d’immeuble patrimonial et une dizaine sont en fonction. Les meunières et meuniers rattachés à chacun de ces lieux y déploient leur savoir-faire pour fabriquer une farine de qualité supérieure.

Les meules de pierre des premiers moulins québécois étaient actionnées par l’eau ou le vent. Elles étaient agencées par paires : la meule du dessus tournait sur celle du dessous, qui était fixe. Pour maintenir la qualité de la mouture, le meunier devait repiquer périodiquement les meules. Il devait aussi être en mesure d’entretenir et de réparer tout le mécanisme de la moulange. Ces opérations sont encore exécutées par les meuniers et meunières œuvrant dans les moulins patrimoniaux, et ce, même si les forces motrices ont évolué et que les techniques de nettoyage des grains se sont perfectionnées. En plus des tâches inhérentes à son métier, la meunière ou le meunier moderne travaillant dans un moulin accessible au public doit aussi être guide-interprète pour vulgariser ses connaissances auprès des visiteurs et visiteuses.

La meunerie artisanale exige des connaissances et des habiletés techniques qui en font un métier dont l’apprentissage est très long. Ces savoirs ancestraux ont longtemps été transmis par le compagnonnage, de maître à apprenti. De nos jours, d’autres façons de pérenniser le métier sont apparues. Les vieux moulins encore actifs sont les pôles de conservation autour desquels s’organisent diverses initiatives telles que des démonstrations, des stages, des conférences, des publications, etc. L’Association des moulins du Québec, vouée à la préservation des bâtiments, organise chaque année les Journées des moulins, qui permettent de sensibiliser la population au patrimoine industriel immatériel que constitue le métier de meunier. De son côté, le Conseil québécois du patrimoine vivant a mis sur pied une formation en meunerie artisanale, qu’une première cohorte a terminée en avril 2023.

La meunerie artisanale a été désignée élément du patrimoine immatériel le 23 juin 2022.