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Kitcisakik

Kitcisakik est situé à une soixantaine de kilomètres au sud de Val-d’Or, à l’endroit où la rivière des Outaouais s’élargit pour former le Grand lac Victoria. Ce lieu de rassemblement estival traditionnel des Kitcisakikininis, auparavant nommés les Anicinabek (Algonquins), forme une presqu’île. L’établissement est aujourd’hui compris dans la réserve faunique La Vérendrye.

Plusieurs constructions en bois s’y trouvent, dont l’église et le presbytère de la mission Sainte-Clotilde. Celle-ci est fondée en 1838 par le sulpicien Louis-Charles Lefebvre de Bellefeuille. Le lieu est toujours fréquenté par la communauté de Kitcisakik, qui est l’une des neuf communautés algonquines de l’Outaouais et de l’Abitibi-Témiscamingue.

Vivant en petits groupes familiaux dispersés durant la majeure partie de l’année, les bandes de chasseurs algonquins se rassemblaient durant l’été pour échanger des denrées et des informations ainsi que pour célébrer des mariages. Au XVIIIe siècle, la Compagnie de la Baie d’Hudson établit un poste de traite des fourrures sur la presqu’île de Kitcisakik pour troquer des marchandises avec les Algonquins, qui fréquentent le lieu depuis des temps immémoriaux.

En 1863, une première chapelle est construite par les pères oblats, qui desservent la mission depuis 1844, et un cimetière est aménagé pour inhumer les défunts. Ces gestes accentuent la fonction rituelle et communautaire du lieu. Les séjours estivaux des Kitcisakikininis durent désormais quelques mois, ce qui renforce le sentiment d’appartenance. Les bandes qui fréquentaient le site de Kitcisakik constituent un bon exemple de ce que les anthropologues ont défini comme les « bandes de postes de traite », qui partageaient un même dialecte et des traits culturels communs.

L’exploitation forestière et le mouvement de colonisation ont perturbé la vie et les activités traditionnelles des Algonquins de l’Abitibi-Témiscamingue au tournant du XXe siècle. Mais la bande de Kitcisakik a conservé certains aspects de son mode de vie ancestral, notamment en refusant de vivre sur une réserve. Elle se définit comme « la seule bande encore véritablement nomade au Québec ». De mai à septembre, les Kitcisakikininis habitent une cinquantaine de camps en bois rond construits sur la rive du Grand lac Victoria. Ils se dispersent ensuite sur les territoires de chasse et de trappe de la région.

La désignation de Kitcisakik comme lieu historique a été proposée par la Société économique de Kitcisakik. Elle a été officialisée le 21 juin 2021. Par ce geste, le gouvernement du Québec reconnaît la signification historique de ce site.

Kitcisakik Annie Boisclair 2019, © Ministère de la Culture et des Communications