Secteur industriel de la Chute-des-Chaudières
Le secteur industriel de la Chute-des-Chaudières, à Gatineau, est le berceau de l’industrie en Outaouais. Le site de cette chute de la rivière des Outaouais est fréquenté depuis des millénaires. Halte obligée pour les canotiers qui se déplacent sur la rivière, le sentier de portage longeant la dénivellation devient également un lieu de rassemblement et d’échange pour les populations autochtones. Les explorateurs français s’y arrêtent eux aussi, tout comme les marchands de fourrures venus à la rencontre des Premières Nations.
Au XIXe siècle, c’est l’énergie hydraulique de la chute qui suscite l’intérêt. Le concessionnaire du canton de Hull, Philemon Wright, construit au pied de la chute les premiers ateliers d’artisans pour desservir les colons. S’y ajoutent bientôt une scierie et un moulin à farine. En 1806, un premier radeau de bois équarri, conduit par Wright, est lancé sur la rivière à destination de Québec, ce qui marque le début de l’industrie forestière régionale. En 1829, un glissoir est aménagé pour permettre aux trains de bois de contourner la chute, une innovation qui facilite le travail des cageux chargés de manœuvrer les radeaux.
Au début des années 1850, la succession de Wright loue les installations de la Chute-des-Chaudières à l’entrepreneur américain Ezra Butler Eddy. Ce dernier y entreprend la fabrication d’allumettes et de divers autres produits avec le bois jugé impropre à cette production. Après l’ajout de bâtiments, son entreprise devient la principale manufacture d’allumettes au pays, fournissant de l’emploi à près de 700 personnes en 1870. Eddy investit ensuite dans la production de pâtes et papiers. Au tournant du XXe siècle, l’usine de Hull possède sept machines à papier. Elle produit du papier journal, mais aussi une large gamme de produits, allant des papiers hygiéniques jusqu’aux papiers fins pour la correspondance. En 1912 et 1913, la compagnie E. B. Eddy fait construire la centrale hydroélectrique, qui remplace les turbines hydrauliques. L’entreprise poursuit ses activités jusqu’en 1998. Elle est alors rachetée par la compagnie Domtar, qui occupe le site jusqu’en 2007. La vocation industrielle de la Chute-des-Chaudières est perpétuée grâce à la présence d’un barrage en hémicycle et de deux centrales hydroélectriques.
Le secteur industriel de la Chute-des-Chaudières a été désigné lieu historique le 26 octobre 2023.