Projet de déclaration du site patrimonial d’Arvida

Objet de la consultation

Le Conseil du patrimoine culturel du Québec tiendra une consultation publique sur le projet de déclaration du site patrimonial d’Arvida.

Le Conseil, organisme de consultation avec pouvoir de recommandation, a notamment pour mandat de tenir des consultations publiques sur toute question que lui réfère le ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, rôle qui repose sur l’indépendance et l’expertise reconnues du Conseil.

Déclarer un site patrimonial

La Loi sur le patrimoine culturel permet au gouvernement du Québec, sur recommandation du ministre, de déclarer comme site patrimonial un territoire qui présente un intérêt pour ses valeurs archéologique, architecturale, artistique, emblématique, ethnologique, historique, identitaire, paysagère, scientifique, urbanistique ou technologique.

Ce statut est attribué par le gouvernement, après étude du projet au Conseil des ministres. Il requiert plusieurs étapes, dont une consultation publique tenue par le Conseil du patrimoine culturel du Québec.

Le projet de déclaration du site patrimonial d’Arvida présente un intérêt pour ses valeurs historique, urbanistique, paysagère, architecturale et technologique.

À ce jour, il existe 12 sites patrimoniaux déclarés par le gouvernement.

Pour l’information complète relative au projet de déclaration du site patrimonial d’Arvida, nous vous invitons à consulter le site www.mcc.gouv.qc.ca/arvida.

L’histoire d’Arvida

Arvida est une ville industrielle planifiée construite à partir du milieu des années 1920, près de la rivière Saguenay. C’est l’Aluminium Company of America (Alcoa, qui deviendra plus tard Alcan) qui planifie la ville dans le moindre détail et préside l’organisation de la communauté. D’ailleurs, la ville tient son nom d’ARthur VIning DAvis, alors gérant de cette multinationale. Mais, plus qu’une « ville de compagnie », Arvida est un véritable laboratoire d’urbanisme où prévalent les dernières tendances en matière d’aménagement urbain.

En 1925, Alcoa désire mettre en place un projet urbain moderne d’envergure près de sa nouvelle usine afin d’attirer des investisseurs : c’est ainsi que naîtra la ville d’Arvida. Afin de se démarquer, Alcoa fait appel à des professionnels de renommée internationale pour veiller à l’aménagement urbain et à la conception architecturale des bâtiments d’Arvida. Ainsi, le plan de la ville est conçu par l’architecte américain Harry B. Brainerd. Celui-ci s’inspire du courant des cités-jardins pour élaborer un plan où le centre-ville est entouré de quartiers résidentiels, où la forme des rues s’adapte à la topographie des lieux et où la nature est partie prenante de l’organisation urbaine. L’influence du mouvement américain City Beautiful se fait également sentir dans le tracé des voies qui convergent vers de grandes places publiques et l’aspect « monumental » du plan. Toutefois, la localisation de l’usine au cœur de la ville planifiée va à l’encontre des courants de pensée contemporains, mais va de pair avec les pratiques d’Alcoa aux États-Unis.

Lors de la mise en œuvre du projet, l’ingénieur Harold R. Wake procédera à la « rationalisation » du plan de Brainerd, en laissant tomber ses aspects plus « esthétiques ». En effet, l’ingénieur revoit notamment le plan des maisons types d’inspiration new-yorkaise prévues par Brainerd en les adaptant au contexte socioculturel québécois, où le climat et la taille des ménages diffèrent. Ainsi, 270 maisons sont construites lors de la première phase d’aménagement d’Arvida en 1926, et ce, en seulement 135 jours, ce qui constitue une véritable prouesse technique pour l’époque. L’existence de quatre modèles types de maison facilite l’érection rapide des bâtiments. Malgré la standardisation du processus de construction, chaque maison est différente de sa voisine en raison du souci apporté aux éléments architecturaux (lucarnes, balcon, toiture, etc.), créant une sorte d’homogénéité exempte de monotonie.

D’ailleurs, durant les phases d’aménagement suivantes, les architectes interpellés concevront toujours quelques maisons types qui seront déclinées en différentes variantes. Ces phases d’aménagement suivront le rythme des événements marquants pour l’aluminerie. Ainsi, lors de la récession économique mondiale, la ville d’Arvida connaîtra une décroissance qui figera son paysage urbain durant près d’une décennie (hormis la plantation de quelque 700 arbres). À l’opposé, durant l’effort de guerre qui s’ensuivra, Arvida connaîtra une croissance inégalée, influencée notamment par les réflexions d’ordre national concernant le logement ouvrier. Peu à peu, la compagnie Alcan, qui assure jusque-là l’administration de la ville d’Arvida, se dissocie de la gestion municipale. Elle crée en 1942 la Commission d’urbanisme d’Arvida, qui procède à la rédaction d’un règlement d’urbanisme, anticipant la vente éventuelle des propriétés de la compagnie à des particuliers. Jusqu’à la présentation de la version définitive de ce document en 1950 – l’un des premiers du genre au Québec –, la compagnie conserve la mainmise sur les constructions autorisées et l’aménagement urbain d’Arvida.

En somme, Arvida se distingue des autres « villes de compagnies » canadiennes, voire nord-américaines. En effet, elle est plus qu’un quartier ouvrier en marge d’une usine, où le tracé des rues et l’architecture sont davantage utilitaires qu’esthétiques. Arvida est un exemple de cité mono-industrielle conçue comme véritable milieu de vie où se succèdent des phases de construction puisant dans des courants urbanistiques novateurs de l’époque.

Pour l’information complète relative au projet de déclaration du site patrimonial d’Arvida, nous vous invitons à consulter le site www.mcc.gouv.qc.ca/arvida.